Le livre CHRISTIAN KROHG (1852-1925). LE PEUPLE DU NORD, écrit par SERVANE DARGNIES-DE-VITRY, VIBEKE WAALLANN HANSEN, édité par HAZAN coute 39,00 €.
Christian Krohg. Le peuple du Nord. Catalogue de l'exposition organisée par le musée d'Orsay du 25 mars au 27 juillet 2025, Après Edvard Munch. Un poème de vie, d'amour (2022) et Harriet Backer. La musique des couleurs (2024), le musée d'Orsay clôt une trilogie consacrée à l'art norvégien du tournant du XXe siècle avec l'exposition Christian Krohg. Le Peuple du Nord, présentée au printemps 2025.
Il s'agit de la toute première rétrospective de l'artiste en dehors de la Scandinavie, qui fait suite à plusieurs expositions à Oslo et Lillehammer en 2012, puis à Copenhague en 2014. En mettant en lumière les oeuvres naturalistes et engagées de Krohg, très éloignées de celles, plus introspectives, d'Edvard Munch, le musée offre ainsi une nouvelle perspective sur l'art norvégien de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.
A travers un panorama approfondi du parcours artistique de Krohg, l'exposition et le catalogue qui l'accompagne mettent en valeur sa modernité picturale et son engagement humaniste. Bohème et fervent défenseur des causes politiques et sociales de son époque, Krohg, également écrivain et journaliste, dépeint avec une profonde empathie la condition du peuple scandinave, les dangers du travail, la misère, ainsi que les injustices subies par les femmes.
Munch, qui fut son élève, dira de lui qu'il était "le seul peintre capable de descendre de son trône et d'éprouver de la compassion sincère pour ses modèles" . Organisé en quatre temps, cet ouvrage met en valeur les liens avec les artistes français que Krohg découvre lors de ses séjours parisiens - notamment Gustave Courbet, Edouard Manet et les impressionnistes. Dans sa série des marins, Krohg cherche à donner à ses oeuvres un sentiment d'immédiateté en utilisant des compositions déséquilibrées, des cadrages audacieux et des postures dynamiques.
Son credo, "tout est une question de cadrage" , est le fondement d'une recherche artistique d'une grande modernité. Membre de la société provocatrice de Christiania - ancien nom d'Oslo -, Krohg fait polémique et scandale auprès de la bourgeoisie et des élites artistiques, à travers ses portraits de ce milieu bohème et libre, de ces jeunes artistes, écrivains et intellectuels qui se réunissent dans les cafés de la capitale et commencent à contester la structure sociale dominante.
Un Zola norvégien ? En 1886, Krohg publie son roman Albertine, histoire d'une ouvrière violée devenue prostituée, roman que la police saisit rapidement au motif qu'il porte atteinte aux bonnes moeurs. Malgré les controverses, Krohg défend sa liberté d'expression contre la censure. Il réalise alors son tableau le plus important, la grande toile Albertine tirée de son roman, poussant la provocation jusqu'à engager des prostituées comme modèles.