Le livre RAVENNE, écrit par HENRI & ANNE STIERLIN, ADRIEN BUCHET, édité par ACTES SUD coute 79,00 €.
Livre neuf. Ravenne, par Henri Stierlin, Adrien Buchet (Photographe), Anne Stierlin (Photographe)
Au temps où la ville de Ravenne se proclame capitale de l'Empire romain d'Occident (Ve-VIe siècles), l'art ravennate exprime le grand souffle du christianisme latin. Il affirme aussi le refus des catholiques de se ranger sous l'autorité des empereurs orthodoxes grecs de Constantinople qui règnent sur le vaste Empire byzantin d'Orient. Ravenne n'est ni orthodoxe, ni grecque, ni soumise à l'Eglise d'Orient, mais se réfère entièrement au monde romain et latin. De ce constat naît une radicale réinterprétation de l'art et de l'architecture ravennates, sur la base de sources romaines et latines, et ce par-delà les parentés avec l'esthétique de Byzance.
A Ravenne, les premiers chefs-d'oeuvre expriment, dès le IVe siècle, l'éclat somptueux d'une esthétique chrétienne certes héritière de l'Antiquité mais novatrice. Cette originalité se manifeste rapidement dans les vastes ensembles de mosaïques qui viennent orner l'intérieur des monuments et qui surprennent par leur infinie beauté. Succession chatoyante et étincelante de scènes figuratives et ornementales se déroulant en frises sur les conques absidales, sur la nef, au-dessus des portiques ou sur l'arc triomphal précédant l'autel, ces mosaïques, telles une "tapisserie somptueuse et inaltérable, tendue pour l'éternité" (L. Bréhier), confèrent une unité remarquable aux parois qu'elles parent de leurs tesselles multicolores. Le mausolée de Galla Placidia (milieu du Ve siècle) est le premier chef-d'oeuvre ravennate dont la polychromie, omniprésente, frappe par son intensité. Les baptistères octogonaux, bâtis sous Théodoric le Grand, montrent, dans leurs coupoles respectives, les douze apôtres entourant la scène du baptême. Dès l'an 500, Théodoric fait ériger l'église Saint-Apollinaire-le-Neuf, qu'il revêt de mosaïques formant une imago mundi d'une haute portée théologique et, à la fin de sa vie, il fonde la basilique Saint-Vital, où la magnificence des mosaïques flanquant l'autel principal saisit celui qui les contemple. En inscrivant l'art de Ravenne dans l'héritage de la Rome paléochrétienne plutôt que dans l'histoire "officielle" de Byzance, Henri Stierlin restitue aux chefs-d'oeuvre ravennates leur rôle éminent, tandis que les photographies d'Adrien Buchet et d'Anne Stierlin s'attachent à révéler la prodigieuse beauté d'un art infini.