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Date : 14/01/2025 à 19 heures
(éd. Presses du réel)
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Depuis la fin des années 1980 se sont épanouies des pratiques artistiques qui font le choix de la bêtise délibérée, de la régression ou de la superficialité. La triade de l'altérité moderne, que représentaient le fou, l'enfant et le primitif, est alors supplantée par la figure de l'adolescent bête. Tantôt critique, tantôt complice, cet art s'est frayé un chemin dans les galeries, les magazines, les biennales et jusque dans les plus importantes collections privées devenues muséales, dont celles de Dakis Joannou, de François Pinault ou d'Eli Broad.
Martin Kippenberger, Wim Delvoye, les YBA, Paul McCarthy, Mike Kelley, Gelitin… ou bien encore Dumb & Dumber au cinéma ou Beavis & Butt-Head et Jackass à la télévision : le succès de la bêtise compulsive est éclatant. Les cultures propres à l'adolescence deviennent le lieu d'une fixation, d'un refus d'accéder à l'univers normé de la culture « adulte » en se ménageant des espaces de répit hors du monde des responsabilités sociales. Au plus fort de la vague néolibérale, l'avenir est pour beaucoup source d'angoisse – et la régression, un refuge.
Dans une approche ancrée à la fois dans l'histoire (culturelle) et la théorie (esthétique), Morgan Labar tente ici de comprendre ce qui a fondé ces pratiques artistiques et imposé leur légitimité nouvelle. Naviguant à vue entre Jeff Koons et Présence Panchounette, Alerte à Malibou et Adorno, les Ramones et Walt Disney, cet ouvrage fait l'analyse d'un phénomène historique inédit par son ampleur – le mouvement des marges au feu des projecteurs, par lequel la bêtise a parfois perdu sa dimension critique et son caractère subversif pour devenir l'une des logiques culturelles de l'époque.
Historien et critique d'art, Morgan Labar, après avoir dirigé l'École supérieure d'art d'Avignon (ESAA) de 2021 à 2024, est le directeur de l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Lyon. Il enseigne à l'École du Louvre et est enseignant associé du département Arts de l'ENS (Ulm). Normalien, docteur de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et ancien postdoctorant de la Terra Foundation for American Art à l'INHA, ses recherches portent sur la manière dont les catégories esthétiques, les canons et les discours hégémoniques sont construits au sein des mondes de l'art.