Livre rare. Jean Dubuffet, l'oeuvre gravé et les livres illustrés. Deux volumes. 1474 numéros. Les oeuvres répertoriées dans cet ouvrage sont toutes des oeuvres dont il existe au moins une épreuve signée ou qui ont fait l'objet d'un tirage numéroté. Celles qui n'ont pas fait l'objet d'au moins une épreuve signée par l'artiste mais qui sont connues à ce jour sont répertoriées à l'annexe.
La gravure et la lithographie occupent une place centrale dans l'oeuvre de Dubuffet. Sa position critique envers les normes qui structurent -et homogénisent- le champ culturel explique en grande partie son intérêt pour l'estampe. Dans une lettre adressée à Gaston Chaissac, Dubuffet précisait : "Il m'apparaît obscurément que tout l'appareil habituel de la peinture -toiles, chevalets, pinceaux, tubes de couleur- exercent une action paralysante sur celui qui s'en sert (peut être à cause de cela seulement qu'ils sont trop habituels), faussent la spontanéité de ses créations, le font dérailler, l'influencent, l'emmènent forcément plus ou moins dans les chemins (les ornières) tracés par ceux qui, avant lui, ont utilisé les mêmes instruments et moyens. Probablement bien qu'on peut se servir de ces instruments en toute fraicheur et ingénuité, mais pour y parvenir il me semble qu'un bon moyen est de commencer par se servir d'instruments et matériaux non habituels. On a chance ainsi, à ce que je crois, de bien se dépayser, de bien se libérer des aimantations des ornières, et donc de se mettre en position de complète liberté et indépendance, de n'être plus influencé ni détourné par rien, de retrouver les voies de l'expression vraiment spontanée, vraiment immédiate." On comprend par là que pour Dubuffet la gravure et la lithographie constituent un moyen de sortir du système pictural, de retrouver l'immédiat, de coïncider avec ce qu'il nommait "le grouillement primoridial".