Livre neuf. Les arpenteurs de rêves. Catalogue de l'exposition présentée au Palais Lumière d'Evian, du 2 juillet au 1er novembre 2022. Dans ce XIXème siècle qualifié de "siècle de papier" , les arts graphiques ont occupé une place de choix dans l'oeuvre des artistes représentés dans les collections du musée d'Orsay. En raison de la fragilité des oeuvres sur papier à la lumière, la majeure partie de ces feuilles sont conservées en réserves, consultables uniquement sur rendez-vous, et donc restent encore à être découvertes par le grand public.
Le catalogue propose un cheminement par et à travers l'imaginaire des artistes, sans les enfermer dans des mouvements et en tissant un dialogue plutôt par association libre entre leurs dessins. Ainsi le terme d'arpenteur se réfère-t-il au mouvement : celui de la main qui trace des lignes. Tracé, trajet, retours, repentirs, reprises sont partie intégrante du dessin, sans chemin déterminé : le dessin comme lieu d'expérimentation, d'hésitations, où le doute reste visible.
On y percevra le cheminement de l'artiste, cheminement qui pourra aboutir à autre chose, à un tableau, un décor, une sculpture, un objet, une architecture, mais le plus souvent le cheminement reste sans but, ou sans but autre que de dessiner mieux, mieux saisir la forme, mieux donner corps à ses rêves, parfois pur plaisir et délassement. "Arpenteur" traduit donc l'idée du dynamisme du dessin, de sa dimension inchoative et progressive.
Le catalogue est aussi une invitation au voyage, moins au voyage pittoresque qu'au voyage dans l'imaginaire. Les "rêves" sont entendus au sens large, de monde intérieur, d'onirisme, de songe, rêverie et imagination créatrice. Les artistes dessinent "la carte du monde imaginaire (qui) n'est tracée que dans les songes" (Charles Nodier, Rêveries). Ils pénètrent la "seconde vie" qu'est le rêve et percent "ces portes d'ivoire ou de corne qui nous séparent du monde invisible". (Gérard de Nerval, Aurélia). Grâce au pouvoir de l'imagination, ils créent "un monde nouveau" apparenté avec l'infini (Charles Baudelaire, Salon de 1859, III, "La reine des facultés").
Environ 150 oeuvres reproduites et documentées : Paule Gobillard, Paul Signac, Aman-Jean, Pierre Bonnard, Edward Burne-Jones, Georges Lemmen, Charles Angrand, Gustave Courbet, Eugène Boudin, Odilon Redon, Steinlen, Georges Seurat, Blanche Derousse, Marie Barcquemond, Paul Sérusier, Marie Botkine, Alphonse Legros, Julien Adolphe Duvocelle, James Ensor, Paul Gauguin, Gustave Moreau, Gustave Doré, Carlos Schwabe, Charles-Marie Dulac, Léopold Chauveau, Félicien Rops, Luc Olivier Merson, Maurice Denis, Alfons Mucha, Henri Fantin-Latour, Mariao Fortuny, Ernest Laurent...